Maïmonide, le dialogue des cultures et la tolérance religieuse - Fondation Ostad ElahiFondation Ostad Elahi

Maïmonide, le dialogue des cultures et la tolérance religieuse

par Maurice-Ruben Hayoun

Résumé

Né à Cordoue en 1138 et mort au Caire (Fostat) en 1204, après un bref séjour mouvementé dans la ville de Fès (Maroc), Moussa Ibn Abdallah Al-Kourdoubi Al Israïli, de son nom hébraïque Moshe ben Maîmon, fut en réalité un représentant juif de l’esprit grec, ou pour reprendre une expression utilisée dans la biographie que je lui ai consacrée (Maîmonide ou l’autre Moïse, Pocket, Agora, 2003), « il priait en hébreu, pensait en grec et écrivait en arabe. »
Pratiquant la tolérance sous sa forme la plus humaine, c’est-à-dire l’acceptation de l’autre, quel qu’il fût, dans son intégralité psychologique et morale, il fait figure de véritable précurseur du dialogue des cultures. Averroès, dit Ibn Rushd en arabe, qui lui aussi dans son traité décisif (Fasl Al-Maqal) accordait aux philosophes grecs une place d’honneur, recommandait d’en examiner les spéculations dans un esprit dénué de préjugés et d’opinions préconçues.
Bien que persécuté par les musulmans en Europe et en Afrique du Nord, exilé de son pays natal en raison d’un fanatisme incompréhensible, mais protégé par le monarque d’Egypte, Maîmonide n’en a pas moins poursuivi son œuvre de symbiose culturelle, à l’instar de son contemporain et compatriote plus âgé Ibn Rushd (1126-1198).
Il convient de s’inspirer aujourd’hui d’un si haut exemple, fourni par deux hommes, l’un musulman, l’autre juif, tous deux arabophones et monothéistes, nourris par la pensée grecque et puisant leur science aux meilleures sources du savoir de leur temps.
Maïmonide a su implanter durablement la spéculation philosophique au sein de sa communauté et malgré toutes les vicissitudes il parvînt à faire que les lumières de Cordoue établissent un lien avec les lumières de Berlin au XVIIIe siècle, enjambant près d’un demi-millénaire.
Au fond, notre siècle des Lumières au XVIIIe siècle fut précédé, voire amorcé par les Lumières judéo-arabes des XIIe-XIIIe siècles.

Intervention de Maurice-Ruben Hayoun au cours de la Journée de la solidarité humaine 2007 : L’invention de la tolérance (voir la vidéo)

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