Une éducation à l’éthique : la liberté et la norme - Fondation Ostad ElahiFondation Ostad Elahi

Une éducation à l’éthique : la liberté et la norme

par Bernard Bourgeois

L’éducation en tant que telle, est éthique. Elle suppose en effet, en tant qu’humaine, différente d’un dressage, que 1) l’homme, le petit homme, auquel elle s’adresse est déjà libre et responsable de lui-même, donc à traiter comme tel, mais que 2) il n’est pas encore vraiment ce qu’il est, puisqu’il faut le conduire hors de lui-même vers lui-même, que sa liberté est, comme ce qu’il a à être et ne peut-être sans éducateur, aussi une norme.

Ce lien des deux caractères : être responsable de soi, mais sous des normes se récapitulant dans la norme fondamentale qu’est aussi la liberté, l’identité de l’affirmation du «je peux» et de celle du «je dois», de l’autonomie et de la loi, c’est – ainsi que Kant l’a bien vu – toute l’éthique. L’éducation est alors vraiment elle-même, développement pratique de l’éthique, en tant qu’éducation scolaire, par contraste – et ce contraste, maîtrisé scolairement, est bénéfique – avec l’éducation familiale, où le tout de l’amour limite en les mêlant et l’affirmation du Soi est celle de l’universel. En tous ses moments, celui de l’instruction et celui de la rencontre dans le milieu particulier qu’elle est, l’école doit donc pratiquement fortifier chez l’élève les deux principes liés, mais aussi différenciés pour eux-mêmes, de toute éducation en même temps que de toute éthique. Qu’elle dise et théorise également ce qu’elle doit d’abord faire, en tenant compte du niveau des élèves, est, certes, aussi une exigence. Elle doit en ce sens faire comprendre et maîtriser la différence entre le milieu éducatif scolaire et les autres milieux éducatifs, d’abord familial, puis socio-civique. Les enseignements de diverses disciplines, notamment littéraires, historiques, philosophiques intensifient une réflexivité critique qui peut aller jusqu’à mettre en question l’éthique même. Mais c’est bien la vigueur de l’imprégnation pratique, par l’éducation scolaire, des deux principes organiquement liés de l’éthique, qui assure le sérieux et la valeur éthique encore possible de la réflexion libérée sur l’éthique.