Éthique médicale/éthique du soin et résolution des OMD liés à la santé - Fondation Ostad ElahiFondation Ostad Elahi

Éthique médicale/éthique du soin et résolution des OMD liés à la santé

Patronage

Association Internationale des Conseils Economiques et Sociaux et Institutions Similaires (AICESIS)

 

13 février 2009 – Conseil économique et social, Paris

Le thème de l’Examen ministériel annuel de l’ECOSOC 2009 est intitulé : « La réalisation des objectifs et des engagements approuvés au niveau international concernant la santé publique mondiale ».

En juillet 2009 à Genève, une Déclaration Ministérielle tenant compte de plusieurs synergies entre les divers acteurs ayant participé à ce thème annuel de l`ECOSOC couronnera les travaux de l’Examen ministériel annuel.

Sous l’égide de l’Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), la Fondation Ostad Elahi – éthique et solidarité humaine propose d’aborder ce thème général en organisant une table ronde d’experts sur le thème : « éthique médicale/éthique du soin et résolution des OMD liés à la santé », dont l’objectif est d’émettre des recommandations pour la réunion ministérielle de Genève.

Problématique de la table ronde

L’importance accordée aux problèmes de santé mondiale par les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) est primordiale puisque trois des objectifs sur huit les concernent pleinement : de 2000 à 2015, il s’agit en effet de réduire la mortalité infantile de deux tiers (obj. 4), d’améliorer la santé maternelle en réduisant de trois quarts le taux de mortalité (obj. 5) et de combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies. L’accès aux médicaments essentiels est également réaffirmé à travers la cible 17 de l’objectif 8.

Il va par ailleurs de soi que l’ensemble des OMD (lutte contre la pauvreté, égalité des genres, éducation, etc.) ont des liens plus ou moins directs avec le secteur de la santé.

Tous les observateurs et parties prenantes des discussions menées au niveau international pour évaluer l’avancement des OMD ont estimé à mi-parcours que d’immenses efforts doivent être accomplis pour approcher les objectifs d’ici 2015, efforts essentiellement analysés en termes quantitatifs de moyens financiers et humains mis à disposition des PED par les pays riches. Or, dans l’évaluation des moyens susceptible de favoriser l’atteinte des OMD, il est une dimension qualitative qui semble quelque peu négligée, celle de l’éthique médicale, et plus largement de l’éthique de soin, mise en œuvre sur le terrain des pays nécessitant de l’aide.

Yannick Jaffré et Jean-Pierre Olivier de Sardan , indiquent ainsi que « le niveau de qualification des professionnels de santé formés sur des terrains de stage dont la qualité baisse, se dégrade considérablement et la pratique professionnelle se détourne de toute déontologie ». Si l’on ajoute à ce constat le fait que selon le député Pierre Morange « la demande des pays et des Ambassades d’intervenir sur ce volet de la santé maternelle et infantile est faible », que « la marginalisation des pays francophones d’Afrique, qui souffrent d’une certaine iniquité d’accès aux ressources des initiatives récentes européennes et mondiales, notamment dans le domaine de la prévention, de la prise en charge et de la recherche sur le sida, la tuberculose et le paludisme, pourrait s’en trouver accentuée », on conçoit que les questions d’éthique ne sont pas sans effet sur l’avancement des OMD liés à la santé.

L’objectif de cette table ronde n’est pas d’aborder ici la question d’éthique liée au niveau de corruption (publique et privée) des pays cibles, que le rapport Morange considère comme « le plus gros problème auquel est confronté la dynamique de mobilisation du secteur privé », mais d’évoquer un certain nombre de questions relatives à la nature, la mise en œuvre, l’évolution de l’éthique médicale/du soin, au sein des pays cibles et l’impact, réel, supposé ou espéré, de cette éthique sur l’avancement des OMD liés à la santé.

Dans la plupart des pays occidentaux, le champ de la réflexion et de l’action en matière d’éthique médicale/du soin, est devenu incontournable, même si « elle semble peiner à s’inscrire totalement dans les pratiques de soin » . En est-il de même sur le terrain des PED ? Quelles sont les questions spécifiques relevant du champ de l’éthique médicale/du soin observées sur ce terrain ?

Comment gommer de manière concrète et progressive les comportements non éthiques au niveau du secteur de la santé dans les PED ? A quel niveau agir au sein des systèmes eux-mêmes ? Avec quels leviers ? Y a-t-il d’ailleurs une préoccupation, une vision et une pratique de l’éthique médicale/du soin (contenus, sensibilisation, mise en œuvre, transmission, etc.) partagées par l’ensemble des parties prenantes, gouvernements, institutions publiques et privées et organisations de la société civile ? Quel peut être l’impact de cette éthique sur la résolution des OMD liés à la santé ? Cet impact est-il mesurable, et si oui, comment ?

Devant l’ampleur des problèmes à résoudre, la complexité des problématiques de santé publique, leur interdépendance avec d’autres problématiques (démographiques, climatiques, géopolitiques, économiques, etc.), ces questions d’ordre éthique ne sont peut-être pas aussi secondaires qu’elles peuvent paraître. Ainsi, les auteurs du rapport d’évaluation externe de l’ONUSIDA sur la période 1996-2001 avouent que « le Programme n’a pas encore résolu la question de la compréhension et de la diffusion des moyens de susciter le changement de comportement et d’améliorer l’effectivité de la mise en œuvre. Les programmes de prévention sont confrontés au problème très compliqué d’avoir à changer le comportement sexuel. Les raisons pour lesquelles ces programmes réussissent rarement ne sont pas bien comprises » et recommande à l’ONUSIDA que ceci constitue un « secteur de travail majeur pour l’avenir » ?

Ce changement de comportement souhaité et attendu n’est-il pas au cœur d’une approche fondamentalement d’ordre éthique ?

La synthèse des débats a été agréée par l’ECOSOC comme contribution pour sa Déclaration Ministérielle de juillet 2009 à Genève.